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Chapitre 1 - Le Feu de Vérité

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Suite du Chapître 1 : L'Ordre et le Désordre
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début du chapître 1
 
Si nous décidons de confronter nos différents personnages, nous allons voir qu’il en ressort un plus grand désordre encore. Parmi les personnages dont nous sommes constitués, il y en a un que nous affectionnons parce qu’il représente ce qui nous plaît le plus. Le personnage spirituel peut être celui qui a le plus de valeur pour nous. Nous allons donc le confronter aux personnages du quotidien, du social, de l’affectif, du mental.
Le personnage spirituel va donc rencontrer le désordre de chacun des autres personnages. Il va alors porter un jugement et vouloir régenter, selon ses propres critères, chaque sphère de la vie. Il va rencontrer le désordre du personnage quotidien et dire : "Tu te rends compte, tu vis dans un désordre total, tu vis dans un endroit sale..." Le personnage spirituel va vouloir organiser le désordre du personnage quotidien qui sera dans l’obligation de ranger, de nettoyer, de répondre au courrier en retard, de régler les factures, etc.
Puis le personnage spirituel va rencontrer le personnage affectif. Il va s’apercevoir que ce dernier est ballotté dans une agitation émotionnelle constante, par des passions, des doutes et des peurs — de perdre sa liberté ou d’être seul, par exemple. Il intervient, afin que le personnage de l’affectif tempère ses passions ; il l’oblige à se dissocier un peu de cette excitation. Il l’incite à vivre une relation plus sereine, ne s’attachant qu’à une personne, ou se détachant de tous !
Le personnage spirituel va ensuite rencontrer le personnage social. A supposer que le personnage social soit un marchand, il va lui dire : "Détache-toi de tes bénéfices, prends de la distance, ne sois pas attaché aux résultats." Le personnage spirituel fera tant et si bien que le pauvre marchand fera faillite très vite !
Ainsi, le personnage d’élection va imposer son empreinte et essayer d’organiser toutes les sphères, conformément à ce qu’il a pu comprendre, ou ce qu’il a entendu dire, et tout ce qu’il n’a pas compris mais qu’il applique. Ce personnage installe un désordre considérable avec ses prérogatives de spiritualité, là où on ne lui a rien demandé.
 
C’est très ennuyeux, car il est important de faire des connexions entre ses personnages. Par le cloisonnement, nous laissons chaque personnage se débrouiller avec son désordre propre. Et si nous prenons l’initiative de faire des connexions, un des personnages prend le dessus et crée un désordre supplémentaire chez les autres personnages !
Nous pouvons alors entrapercevoir ce que sont les conflits. Le personnage mental croit à la non-violence ; s’il est prédominant, il va se dissocier et juger qu’il est inadmissible de manifester de l’agressivité, de la colère dans la vie de famille. Il essaiera d’inculquer les principes de non-violence, de refouler l’agressivité. Ce faisant, il engendrera une lutte et donc un désordre encore plus grand.
Un conflit est toujours synonyme d'une bataille entre une pensée et un fait. L’idée, qui est irréelle, doit être soutenue par une lutte contre la réalité. Une opinion, une idée, ne peut pas être source d’ordre. On ne peut pas sortir du désordre grâce à nos raisonnements, car eux-mêmes créent le désordre.
 
Voyons maintenant pourquoi nous vivons dans le désordre. Nous avons dit au début de cette conférence, que nous ne voyons pas le danger de notre désordre. Nous y sommes immergés et n'en avons pas vraiment conscience. Ce désordre ne nous gêne pas et lorsqu’il commence à nous gêner, nous l’organisons, nous essayons de le viabiliser. Lorsque le désordre commence à être sérieusement dérangeant, nous créons un conflit, qui est un très bon désordre. Nous surimposons une idée à notre réalité et nous grossissons ainsi les sources de désordre. C’est une autre façon de continuer à l’alimenter. Pourquoi avons tant de mal de sortir du désordre ?
Supposons qu'un jour, nous soyons vraiment lassés de tout ce désordre, que nous ne puissions véritablement plus continuer ainsi. Ce jour-là, nous n'essayons pas d'aménager notre désordre pour qu'il devienne viable, nous n'imposons pas l'idée de l'ordre. Nous ne nous occupons plus du tout de la manifestation extérieure de notre désordre, de ce qui est perceptible, extérieur à nous.
Quelqu'un de sérieux va s'occuper de l'origine du désordre et peu lui importera si, dans l'immédiat, il n'arrive pas à ranger sa maison, ou à s'occuper sérieusement de ses enfants ! En organisant notre désordre, nous ne faisons que l'oublier... pour un temps ! Nous ne nous occupons que de la surface, afin que notre vie soit plus présentable.
Quelqu'un de sérieux essaiera de comprendre pourquoi il est incapable d'être ordonné, pourquoi il oublie, pourquoi il casse, pourquoi il ne peut pas vivre plus de six mois avec la même personne. S'il est persévérant, il ira jusqu'à l'origine du désordre, qui se situe toujours à l'intérieur de soi.
 
Je crois qu'il est d'une utilité considérable ! Vivre dans le désordre, c'est vivre dans l'irresponsabilité et nous préférons éviter de voir notre responsabilité. Dans ce désordre généralisé, nous ne sommes responsables ni de nos maladies ni du fait que nous ratons nos rendez-vous ni de notre vie affective perturbée ni de nos échecs professionnels. C'est une situation confortable même si elle est parfois très gênante ! Nous n'avons aucun souci à nous faire, ce n'est pas de notre faute ; ce n'est pas nous qui engendrons les situations. Nous préférons trouver des excuses et des justifications, et nous sommes très complaisants envers nous-même.
Le désordre perçu à l'extérieur est secondaire ! Il n'est qu'une manifestation d'un désordre beaucoup plus profond, plus secret. Et ce n'est pas en rangeant l'extérieur que l'on range l'intérieur. C'est en rangeant l'intérieur que l'extérieur va s'organiser de lui-même.
Si je m'aperçois que je n'arrive pas à ranger parce que je réagis sans cesse contre des principes qui m'ont été imposés dans mon enfance, je commence à mettre de l'ordre dans ce que j'ai vécu ; je remets à leur juste place les idées contre lesquelles je réagis constamment. Je rentre en relation avec le désordre intérieur, là; où il y a eu le problème, la difficulté. Ayant eu le courage d'entrer en relation avec moi-même, les manifestations à l'extérieur s'arrangeront d'elles-mêmes, sans que je m'en occupe spécialement.
 
L'Ordre ne peut naître que de l'intérêt que l'on va porter au désordre. Mais cet intérêt doit être d'une telle intensité que l'on pénètre au sein du désordre intérieur. Tous les événements que nous vivons, les actes manqués, les oublis, les maladresses, les conflits intérieurs et extérieurs sont les expressions d'un décalage dans la personnalité. Ainsi, toute situation de désordre devient extraordinairement expressive. Chacun d'entre nous a son lieu de désordre, qui est aussi le lieu privilégié du travail spirituel.
Il ne sert à rien de prôner un ordre précis, universel ! Chacun a son propre travail.
Quand il n'y a plus de distorsion entre la pensée et l'acte, entre le sentiment et l'acte, entre toute la personne et sa manifestation, il règne un Ordre parfait. A ce moment-là, il y a harmonie complète entre l'intérieur et l'extérieur.
L'Ordre ne s'impose pas. Vous pouvez essayer, bien sûr, et c'est ce que nous faisons pendant des années. Mais si vous voyez, aujourd'hui, qu'imposer un ordre équivaut à construire et à perpétuer le désordre dans lequel vous êtes irresponsable et complaisant, vous allez immédiatement cesser de faire cela !
Il est pas nécessaire de parler de l'Ordre, parce qu'il naît, de fait, et s'épanouit naturellement si l'on s'intéresse à tous nos endroits de désordre.
 
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