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Chapitre 2 - Le Feu de Vérité

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Suite du Chapître 2 : Nos modes de ralations
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début du chapître 2
 
Examinons la vie de famille. À quoi servent nos vies de famille ?
La vie de famille représente une structure de groupe, avec des habitudes, des rites, des fêtes, des réunions, des repas, des relations. Les personnes qui sont dans cette famille ont-elles véritablement quelque chose à faire ensemble ? Elles sont très différentes, disparates, mais elles se retrouvent à des moments particuliers. Avons-nous un quelconque rapport avec les membres de notre famille ? Avons-nous réellement de l’amour pour eux ? Pas tellement ! Et pourtant, la famille reste, nous entretenons des relations familiales. La vie de famille est donc importante, elle signifie quelque chose. Elle peut au moins nous dire d’où nous venons, à travers nos parents, nos grands-parents, et où nous allons à travers nos enfants. Grâce à la vie de famille, nous avons un sentiment de continuité avec un début lointain, le présent que nous vivons tant bien que mal et un avenir porté par nos enfants. C’est une structure qui donne un sens à notre existence, qui nous sécurise dans notre propre humanité.
Il n’est pas si facile de se débarrasser de l’appartenance à un tel groupe. Les jeunes ont tendance à briser le lien avec la famille parce qu’ils éprouvent de l’ennui ou de la révolte. Ils réagissent contre quelque chose dont ils ne veulent plus. Mais ont-ils réellement compris ? Probablement pas car ils adoptent bien souvent une famille d’élection, ils se dépêchent de créer d’autres liens, ce qui montre leur absence de compréhension quant au phénomène de dépendance à un groupe quel qu’il soit.
Nous maintenons donc une continuité familiale par crainte d’une vie sans structure, sans repère dans le temps et l’espace. Nous pallions ainsi une peur et la structure familiale nous aide parce qu’elle est figée et sécurisante.
 
Contrairement à nos familles, nous choisissons nos amis. Nous prenons pour amis des gens qui ont les mêmes goûts, les mêmes loisirs, les mêmes préoccupations que nous. Ce sont en général des gens qui nous ressemblent et qui sont donc peu dérangeants. Bien sûr, vous pouvez vous lier d’amitié avec quelqu’un d’anachronique, mais c’est encore pour votre plus grand plaisir ! En acceptant dans le cercle de vos amis une personne très différente de vous, vous faites preuve d’originalité et de largesse d’esprit. Les relations amicales sont souvent très superficielles parce qu’elles sont basées sur le plaisir et comportent peu d’exigence vis-à-vis de soi. Evidemment, nous n’allons pas fréquenter quelqu’un qui nous remet constamment en cause, qui dévoile nos incapacités et nos manques ! Nous le fuirons comme la peste. Et pourtant, cette personne serait digne de notre affection parce qu’elle est capable de nous aider à voir ce qu’il y a d’important. On se fait plaisir avec ses amis, on ne peut pas les aimer de surcroît ! Là où il n’y a que du plaisir, il ne peut y avoir de l’amour. Aimer, c’est être capable de ne plus choisir son propre plaisir.
La relation amicale est donc aussi une relation égocentrique, qui utilise chez l’autre ce qui est sympathique et facile, ce qui permet de continuer à rester ce que l’on est. L’amitié, c’est autre chose, certainement une des plus belles formes d’amour.
 
Nous arrivons à nos relations de travail, qui nous occupent six à huit heures par jour... un bon tiers de notre vie. Si vous enlevez sur vingt-quatre heures les huit heures que l’on consacre à son travail, les huit heures de sommeil et le temps nécessaire pour s’occuper de son corps - manger, se laver... - il ne reste presque plus rien pour la "vraie vie" ! Si l’on fait un peu attention, on peut facilement réaliser qu’il n’y a pas de moments privilégiés permettant de "cultiver" sa spiritualité. Le travail est un des lieux de la vraie vie, qui va nous permettre d’apprendre. On s’aperçoit qu’il y a deux façons d’aborder le lieu du travail : la première est d’ignorer sa vie de travail, la seconde est de s’y investir totalement. Dans le premier cas, la personne considère son travail comme inintéressant, indigne d’elle, et elle va donc choisir de n’avoir aucun rapport avec ce monde-là. Elle préfère se mettre en marge, éviter toute relation, même si elle y passe huit heures. Elle occulte complètement cette partie de sa vie. Quand elle a fini sa journée, elle n’en garde aucune trace, elle n’en parle jamais, et sur son lieu de travail, elle se met dans une sorte de bulle, isolée du milieu ambiant. Cependant les relations de travail existent, cette personne a autour d’elle des collègues, un patron, un supérieur...
Le fait d’ignorer ces relations engendre nécessairement une grande hypocrisie et du mépris. Cela cache aussi beaucoup de jalousie par rapport à d’autres, qui ont une activité intéressante et valorisante. Le choix de se mettre à l’écart masque une grande frustration et un manque total de réalisme.
 
Dans l’autre hypothèse, la personne s’investit dans son travail, parce qu’il est intéressant, il lui procure un certain épanouissement et lui permet de "créer". Le travail devient alors une façon de se percevoir en tant qu’individu et d’affirmer sa propre valeur. Le besoin d’identité étant le moteur de l’action, on va utiliser les gens à ses propres fins. Le réflexe d’identification occulte la réalité des moyens mis en oeuvre. C’est ainsi que la secrétaire d’un patron trop exigeant croulera sous une énorme charge de travail et se trouvera responsable des retards éventuels. De plus, elle devra supporter les humeurs de son chef qui oscille inévitablement entre l’enthousiasme et la suffisance, la colère et la peur de l’échec. Aux yeux de son supérieur, la secrétaire n’existe que dans la stricte mesure où elle "sert" ses fins. Elle ne peut pas exister en tant qu’être humain, avec sa fatigue, ou en tant que mère de famille ayant d’autres obligations.
De nombreux exemples pourraient montrer que l’ambition et l’impérieuse nécessité d’affirmer son identité poussent à ignorer la dimension humaine de ceux qui nous entourent.
Ces deux attitudes sont apparemment contraires mais si l’on y regarde de plus près, on peut s’apercevoir qu’elles recouvrent une même réalité : la relation de travail n’est jamais vécue en tant que telle. C’est une relation centrée sur soi. Ou nous cherchons à combler un besoin d’identité par le travail, et les moyens important peu, nous arrivons très facilement au mépris, à l’exploitation de nos partenaires. Ou nous nions notre travail qui n’est pas le lieu propice pour conforter notre identité et dans ce cas, nous ignorons notre entourage, ce qui n'est pas reluisant non plus.
 
Résumons la situation sur tous ces points : nos relations sont des relations égocentriques. La vraie relation, qui veut dire communion, ne semble pas exister, quels que soient les lieux de notre vie sur lesquels nous nous penchons.
Cette relation d’amour et de communion ne peut pas survenir tant que nous avons peur de n’être rien, tant que nous courons après notre identité ou cherchons un sens à notre vie, tant que nous ne supportons pas d’être seul ou de mourir. Toutes ces peurs conditionnent nos relations, qui sont alors soumises au diktat de nos désirs, de nos besoins et de nos manques. Il ne peut y avoir d’ouverture, d’échange ou de communion.
Pour autant, ne sommes-nous capables que de cela ? Notre seule chance est de nous rendre compte que nous fonctionnons à travers nos ambitions, à travers nos besoins de sécurité ou de réalisation personnelle. Si nous prenons réellement conscience que cette façon de fonctionner nous empêche de vivre toute relation vraie, peut-être aurons-nous la force de nous dire : "Je veux vraiment entrer en relation, je veux connaître l’amour." Quand cela devient extrêmement important pour nous-même, tout à fait vital, une étincelle jaillit, laissant entrevoir la possibilité d’une relation désintéressée. Si nous voyons clairement que nous sommes attachés à vos enfants et que nous leur refusons la liberté à laquelle ils ont droit, nous pouvons choisir l’amour de nos enfants et lâcher notre ego.
L’amour veut dire être capable de ne plus du tout penser à soi, d’oublier ses propres besoins, de ne plus se préoccuper de ses plaisirs, de ses intérêts ou de ses ambitions, que ce soit ses propres ambitions ou celles de son compagnon à travers lesquelles nous nous affirmons, même si nous n'en sommes pas l’acteur. En lâchant tout cela, nous créons un espace qui nous permet de voir l’autre. Alors, il est possible d'aimer, d'entrer en relation avec quelqu’un d’étranger, de différent. Si vous comprenez vraiment que la vie est autre chose que "moi, je veux ceci ou cela", vous acceptez de ne plus satisfaire votre personnalité égotiste. Elle commence à vous paraître moins intéressante et même elle vous encombre ! Dans ce cas, vous découvrez un lieu d’apprentissage, un enseignement radical dans les relations que vous entretenez avec votre compagne ou votre compagnon, avec vos enfants, votre famille, vos amis, avec vos collègues de travail et vos supérieurs. Si la force de l’amour a pénétré plus profondément en vous, vous êtes capable de modifier immédiatement votre attitude lorsque vous constatez que vous essayez de garder quelqu’un pour votre propre bénéfice ou lorsque vous voyez que vos actes et vos paroles blessent une autre personne. Vous laissez vivre les autres par amour.
Si l’envie de trouver la vraie communion est absolument présente en nous, nous apprenons de chacune de nos relations. Ce qui importe, ce n’est pas de changer l’autre mais de se voir en train de renforcer son propre moi. Nous devons d’abord constater qu’il nous isole, qu’il nous empêche d’établir une relation vraie. Ensuite, avec la force de l’amour, nous arrivons à réajuster notre mode de relation, nous cessons d’alimenter le mécanisme de l’ego. Nous commençons progressivement à vivre une qualité de relation qui se rapproche de la communion. Communion veut dire rencontre avec quelqu’un qui est étranger, différent. On aime l’autre pour ce qu’il est et non pour ce qu’il nous apporte. Le jour où nous avons vraiment compris, nous n’avons plus le choix. Le jour où nous voyons notre égoïsme à l’œuvre, nous ne pouvons plus le laisser faire ! Mais seulement, personne ne veut le voir ! Et si nous ne voulons pas voir, nous continuons encore et encore !
Les mamans pourront plus facilement faire ce constat en se souvenant de la relation incomparable qu’elles ont eu avec leur bébé. Ou peut-être avez-vous vécu dans votre vie un aperçu fugitif d’une réelle communion. Mais cela a disparu ! Cela ne peut pas durer parce que notre égoïsme exacerbé reprend très vite le dessus. Voyons-le vraiment et nous n’aurons plus le choix. La vision sincère et profonde de notre propre fonctionnement nous permettra de briser le cercle et d’entrer en relation avec les autres hommes, ceux qui nous entourent, l’ensemble de cette Terre... À ce moment-là, nous n’avons plus de préférence ! Nous n’aimons pas telle ou telle personne et pas une autre. Notre relation avec notre entourage et avec tous les autres hommes a la qualité d’une vraie communion. Et c’est alors que commence véritablement notre manifestation d’être humain.
   
 
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