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Chapitre 4 - Le Feu de Vérité

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Chapitre 4 du livre "Le Feu de Vérité"
Connaître ses besoins
 
Qu’en est-il des besoins ? Connaissons-nous nos besoins fondamentaux ?
En dehors du besoin vital de se nourrir, je crois que nous ne les connaissons pas. En général, nous pouvons assez facilement observer nos désirs mais nous ne voyons pas qu’ils sont en connexion avec des besoins.
Les désirs sont multiples et variés, désirs de posséder, d’avoir à tous les niveaux, la vie matérielle, la vie sociale, la vie affective et la spiritualité. Quel que soit l’objectif, il s’agit toujours de désirs : gagner de l’argent, arriver à une bonne situation sociale, avoir des enfants, des amants, être cultivé, ou bien atteindre la sérénité et rencontrer un maître qui nous révélera des secrets. Il y a des petits et des grands désirs, des désirs simples et des désirs complexes, des désirs avoués et d’autres qui sont plus cachés, désirs de puissance et de domination ou au contraire désirs de destruction et d’humiliation.
Nous avons donc une foule de désirs dans différents domaines. Si nous cherchons à les satisfaire, ce qui est légitime, il y en aura toujours d’autres. Même si nous avons les moyens de satisfaire pendant un certain temps un grand nombre d’entre eux, il restera toujours des désirs insatisfaits qui se réveilleront. Cela tend à prouver qu’il n’existe pas de satisfaction complète du désir.
Il est déjà très important de faire cette constatation. Pourquoi les désirs, se multipliant et se diversifiant, restent-ils toujours une source d’insatisfaction ? C’est dans la nature même des désirs que réside le fait de ne pas pouvoir les combler totalement. Il y a une demande sous-jacente aux désirs eux-mêmes. La source dont ils jaillissent n’est jamais tarie. Cette demande sous-jacente ou cette source est ce que j’appelle le besoin. Le besoin reste inconscient, ignoré. C’est lui qui va nous pousser dans telle ou telle direction à la recherche de la satisfaction de nos désirs. Le besoin tire les ficelles des désirs et des plaisirs, sans que nous en soyons conscients.
 
Quels sont les besoins cachés ? Ils ne sont pas si mystérieux si nous voulons bien y regarder de plus près ! En deçà de la multitude de désirs d’avoir, de posséder, une voiture puissante, une certaine culture, une renommée, un travail intéressant, des enfants intelligents, il n’y a qu’un seul besoin fondamental qui est le besoin d’identité. Ignorant ce que nous sommes vraiment, nous éprouvons le besoin impérieux de nous définir en tant qu’individu, en référence avec les valeurs sociales ou nos propres critères, qui sont en définitive des valeurs sociales que nous nous sommes appropriées. Nous avons constamment besoin d’avoir une dimension, une qualité personnelle, d’être reconnus par les autres. Le besoin de reconnaissance s’affirme à travers les désirs et les plaisirs d’une manière qui varie beaucoup d’un individu à l’autre. Il pourra être orienté positivement ou négativement. C’est ainsi que certains choisiront d’être un artiste génial ou un chef d’entreprise dynamique, alors que d’autres deviendront terroriste ou gangster. Il s’agit toujours du même souci d’identité. Souhaiter être en marge ou s’affirmer comme destructeur relève tout aussi bien du besoin d’identité que vouloir apporter la guérison ou militer pour la paix.
Dans l’ignorance totale de notre vraie nature, nous sommes manipulés par nos désirs qui nous poussent à entreprendre. Peu à peu, nous devenons quelqu’un, avec des spécificités et des particularités glanées au travers du regard que les autres portent sur nous. Nous finissons par nous construire une certaine image d’être. Elle est factice et dépend de l’extérieur, il faudra donc toujours la réaffirmer, la consolider. La quête incessante du désir et du plaisir nous sert à reconstruire indéfiniment notre identité sans que celle-ci nous soit jamais acquise.
 
Examinons maintenant les désirs de type affectif, désir d’avoir une relation stable et de se marier. Ou bien la tendance à entretenir plusieurs relations sexuelles, peut-être même simultanément. A quoi correspond le désir d’avoir des enfants, des amis, le désir de séduire, de plaire avec son corps, avec son esprit ou avec son humour ou sa façon de s’habiller, le désir de communion, d’entente, de chaleur, d’attention.
Qu’y a-t-il derrière cette foule de désirs qui nous incitent à agir ? Un seul besoin nous oblige à essayer toutes les solutions, différentes astuces pour obtenir ce que nous souhaitons sur le plan affectif. C’est le besoin d’être aimé. Ce besoin d’être aimé veut dire besoin de sécurité, besoin de vivre sans peur, sans crainte d’être détruit, froissé, blessé. Dans notre quête du plaisir sexuel, dans nos fantasmes, dans nos rêves de plaisir, dans nos souhaits de tendresse et d’attention, il y a la quête fondamentale : « Je veux que l’on m’aime ».
 
 
Nous avons mis à jour deux besoins fondamentaux, la quête d’identité et la recherche de la sécurité affective. Les désirs les plus courants découlent de ces deux sources. Nous pensons trouver les solutions à l’extérieur, nous entreprenons encore et encore de satisfaire nos désirs sans jamais comprendre la réalité sous-jacente à toutes ces impulsions. Le travail de connaissance, l’attention sur soi, peut nous permettre de constater et d’étudier ces besoins, les deux véritables ressorts de toutes nos actions. Si vous mettez en évidence votre besoin d’identité, vous vous apercevez qu’il est vital pour vous d’avoir une valeur aux yeux de votre entourage et à vos propres yeux. Vous mobilisez alors tous vos moyens pour combler ce besoin. Il ne s’agit pas d’en faire l’économie, en passant par-dessus. Il est indispensable de se mettre en quête de satisfaire ses besoins, même si la satisfaction ne doit pas durer longtemps. La seule différence, mais elle est de taille, c’est d’être conscient du mécanisme qui vous fait agir. Vous ne vous méprenez plus sur la signification du jeu désir - plaisir. Quand vous aurez mis en évidence votre besoin d’être aimé et de vous sentir en sécurité, vous saurez qu’à travers toutes vos quêtes affectives, il n’est question que de cela. Si vous atteignez ce stade, vous savez que ce besoin fondamental ne va pas s’éteindre tout seul ou à l’aide d’une technique spirituelle ! Vous ne pouvez pas faire l’économie des moyens qu’il faut engager pour obtenir satisfaction même si toute votre vie doit en être bouleversée.
Reprenons l’exemple de la sexualité. Vous avez une vie sexuelle, faite de désirs, de plaisirs. Vous mémorisez ou vous imaginez le plaisir sexuel et vous réitérez votre expérience dans l’espoir de retrouver ce plaisir. Si vous répétez sans cesse l’expérience sexuelle et que vous recherchez toujours le même plaisir, cela veut dire qu’il n’est jamais complètement satisfait. C’est le besoin sous-jacent d’être aimé qui n’est pas comblé. Nous ne connaissons que le moyen de la sexualité, c’est le seul qui nous paraisse approprié pour vivre l’amour. Mais ce moyen nous enferme dans le monde des sensations et nous n’allons jamais jusqu’au besoin d’être aimé. Nous n’arrivons pas à calmer notre besoin d’amour à travers la sexualité et c’est pour cela que nous continuons à chercher. Si nous avons une capacité de conscience qui s’arrête sur nous-même, un intérêt qui commence à essayer de comprendre, nous constatons qu’il s’agit en fait du besoin d’être aimé. Alors, nous chercherons à être aimés, sans rien ménager. Nous avons ainsi des chances d’établir d’autres bases dans une relation ou de trouver quelqu’un susceptible de répondre à notre besoin. Cela ne durera peut-être pas vingt ans mais nous saurons que nous avons connu la confiance et l’amour. Dans ce cas, nos quêtes et de nos activités sexuelles se trouvent reléguées à l’arrière-plan ! En vivant vraiment une expérience d’amour, la satisfaction du plaisir sexuel, l’imagination, le rêve, le fantasme, tout ce bruit se calme. Il n’y a plus de souci à se faire au sujet de l’acte sexuel. Le désir de sexualité était le prétexte à être aimé. Le besoin d’être aimé étant satisfait, toute la complexité tombe et la sexualité retrouve sa véritable place ; elle peut même disparaître, cela est sans importance.
 
Voyons maintenant pourquoi nous ne pouvons pas faire l’économie de la satisfaction de nos besoins fondamentaux.
Atteindre les rives du besoin représente déjà un gros travail, car il faut s’être lassé définitivement de la satisfaction des désirs. Il faut être écœuré par la ronde infernale des désirs et des plaisirs, pour pouvoir s’arrêter, examiner ce que cela veut dire, et devenir conscient de ses besoins fondamentaux. Etant bien petits et ignorants de notre véritable nature, nous sommes alors obligés de passer par notre propre expérience de satisfaction du besoin. L’expérience est notre seul lieu de discrimination et de connaissance. Nous devons donc construire notre personnalité car nous avons un besoin d’identité. Nous devons aussi chercher à être aimé, par souci de sécurité. Dans un premier temps, c’est à l’extérieur de nous que nous allons chercher la satisfaction de nos besoins. Dans un deuxième temps, au moment propice, la vie se chargera d’ébranler ces certitudes. Un jour, notre identité se trouve attaquée par la perte de notre emploi, par exemple. Nous pouvons alors constater à quel point cette identité est fragile ; elle n’est pas sûre car elle s’appuie sur des éléments impermanents, des acquisitions ou l’opinion de tel ou tel groupe social.
Quant au besoin d’être aimé, il est évident que sa satisfaction ne peut être que temporaire car elle repose entre les mains d’une autre personne. Etant dépendante de quelqu’un d’autre, elle est sujette à caution, la personne pouvant changer ou disparaître. Lorsque la vie nous met ainsi à l’épreuve, nous voyons bien que les moyens utilisés sont inadéquats. Ces crises que l’on traverse permettent de prendre conscience qu’un jour, il faudra se mettre en route pour satisfaire ses besoins là où il n’y a aucune dépendance, en se basant sur des forces qui existent à l’intérieur de soi. C’est à ce moment que nous essayons de trouver l’Identité Absolue :
— JE SUIS, qui ne dépend ni d’un objet ni d’une idée, ni d’une personne.
C’est à ce moment que nous essayons de trouver la Sécurité Absolue :
— ETRE SANS PEUR. Nous avons compris que l’amour d’un homme ou d’une femme ne représente que les prémisses de ce que peut être la Sécurité et l’Amour. La personne aimée nous a donné ce qu’elle avait de plus noble mais ce don engendre dépendance et fragilité. Le jour où cet amour disparaît, il est temps d’utiliser les moyens pour trouver Cela à l’intérieur de soi.
Comprenez bien que d’emblée on ne peut se détourner des expériences extérieures et prétexter qu’il est inutile de chercher au-dehors. Une telle attitude révèlerait beaucoup d’hypocrisie et un voile de mensonges viendrait masquer la conscience. Il faut d’abord vérifier, en mobilisant tous ses moyens, que son Identité et sa Sécurité ne viendront pas du monde. C’est quand on en est absolument sûr, par l’expérience personnelle et grâce à la capacité de voir, que l’on comprend intimement comment et où chercher.
 
Fin du Chapitre 4 : Connaître ses besoins
   
 
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