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Chapitre 6 - Le Feu de Vérité

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Chapitre 6 du livre "Le Feu de Vérité" Suite
La peur
 
Les autres remèdes à la peur sont ce que j'appelle les croyances - non seulement croire en Dieu mais aussi croire en révolution, croire au karma, à la réincarnation. La plupart du temps, les croyances sont des façons de masquer les peurs. Que pensez-vous de la réincarnation ? Certains diront : « J'y crois », d'autres : « Je n'y crois pas. » Il est plus intéressant de s'interroger sur ce que révèle cette croyance ! N'est-ce pas la peur de mourir ? Pour annuler l'angoisse de la mort, nous croyons en la réincarnation et cela change la face du problème. Il y a une certitude. Cela rassure et sécurise de croire en Dieu, en n'importe quelle forme de Dieu, Krishna, Bouddha, le Christ, de croire au paradis ou à la réincarnation. Car en masquant la peur fondamentale de mourir, on peut vivre apparemment plus sereinement la vie.
D'autres personnes croient au principe d'évolution. Dans ce cas, l'échec fait partie de l'évolution personnelle, et cette croyance évite de prendre en compte les causes réelles de l'échec et la peur qui s'y rattache. Le jour où vous connaissez la réalité de la réincarnation, du karma etc., il ne s'agit pas d'un phénomène de croyance ! Une étude approfondie des phénomènes de croyance dévoile la présence d'immenses peurs.
Pour comprendre, il faut entrer en relation et pour entrer en relation, il faut aimer. Je dis comprendre, je ne dis pas écouter. Comprendre veut dire agir, entrer dans la difficulté. Pour concevoir que la pensée crée et alimente la peur, il faut que votre mental soit silencieux et détendu, afin que vous puissiez observer votre angoisse. Cela exige du courage, de la sensibilité et une très grande conscience de l'importance et de l'urgence du problème.
Supposons que vous sentiez à quel point il est important pour vous de passer au-delà de la peur. Il faudra alors éviter le mouvement qui vous en éloigne toujours, qui veut fuir la peur ou la masquer. Le jour où vous pouvez rester dedans, accepter de la prendre avec vous, vous avez enfin la possibilité de vous rendre compte qu'elle n'a pas d'existence. Mais il faut vraiment le faire pour s'en apercevoir !
 
Imaginons que vous ayez peur de l'échec, que ce soit extrêmement douloureux pour vous. Vous vous êtes engagé dans une entreprise avec beaucoup de volonté et de courage. Vous vous êtes tellement investi, que c'est très grave si vous échouez. Si vous rentrez en vous-même, dans la peur de l'échec, vous vous apercevez qu'il s'agit en réalité de la peur de n'avoir pas de valeur. Vous vous êtes identifié aux résultats de votre entreprise, et vous êtes assimilé à la négation si le résultat est négatif. Vous avez peur du jugement des autres - ils diront que vous êtes un minable, que vous n'avez pas réussi. La peur de l'échec vous informe sur votre besoin d'affirmer votre identité, sur votre besoin d'avoir une preuve positive de vous-même. Le seul moyen pour vous de manifester votre existence est de réussir.
Ce qui prouve à quel point vous êtes fragile, puisqu'un échec risque d'ébranler toute votre personne ! Il n'est donc pas tant question de la peur de l'échec mais beaucoup plus de l'inconsistance de l'être. Est-on capable de rester silencieusement avec sa peur, pour apprendre d'elle les mécanismes cachés de son mental ? Ou alors y a-t-il un tel refus de la vérité, que l'on préfère rester avec son monde de peurs ? La peur naît du mental, elle est alimentée par lui. Il est donc intéressant de se demander comment se déclenche le phénomène à l'intérieur de soi. Nous avons vu tout à l'heure que nous étions dans la peur, avant ou après un événement.
Comment est construit le mental ? Sommes-nous capables de saisir ce qu'est c'est ? Il s'agit d'une construction, d'une accumulation d'expériences. Le mental fonctionne sur la base du passé, de la mémoire. Supposons que vous rencontriez quelqu'un qui déclenche chez vous une forte angoisse. Vous allez garder la mémoire de cette rencontre ; une trace de votre peur sera imprimée dans votre mental Vous allez ensuite redouter une seconde confrontation parce que vous avez subi une forte gêne ou un traumatisme. Lors de cette deuxième expérience, vous rencontrez seulement la mémoire de votre propre peur.
Peut-on alors se dégager de la mémoire ? Si vous comprenez que le mental, un ensemble de mémoires, engendre la peur, vous allez essayer de ne plus avoir de mémoire. Mais cela n'est pas si simple ! Cela veut dire que vous êtes capable de vivre l'événement complètement, ce qui demande beaucoup d'attention. C'est à cette condition que vous pouvez éviter toute trace, c'est à cette condition qu'aucune cicatrice ne s'enregistrera dans votre cerveau. Reprenons l'exemple précédent. La première peur vient d'une mauvaise relation dans l'histoire ; elle n'existe que si la rencontre n'a pas été vécue complètement, si vous n'avez pas été entier dans la relation, si quelque chose n'a pas été compris. Vous avez été inattentif ou vous avez manqué de discrimination et cela a engendré la première peur, qui viendra ensuite s'interposer dans la relation suivante. La trace n'existe que dans la mesure où la personne a été incapable de résoudre la difficulté.
 
 
Un esprit peut-il se dégager de sa mémoire et de sa peur ? Il le prétend. Il dit : « Je veux me libérer de mes peurs, je désire la réalisation ...» Il souhaite dépasser ses limites. Mais en fait, le mental ne fait que conforter ses propres peurs et entraver toute capacité de trouver ce qu'il prétend chercher. Ce qui est dit relève de la pensée, de l'imagination, de l'affabulation et du rêve. Notre réalité est criblée de peur. Et si l'on ne veut pas entrer dans la réalité de ses peurs, on ne pourra jamais s'en libérer. En croyant, en imaginant, en rêvant, on s'éloigne toujours plus de sa propre peur et elle restera à jamais à l'intérieur de soi. S'occuper de ses peurs est le seul moyen de se rapprocher de l'état de non-peur.S'occuper de la libération est inutile, elle viendra d'elle-même.
Le mental a toujours besoin de sécurité, alors que la vie est sans sécurité. Il y a toujours un combat entre la vie qui est imprévisible, neuve, différente, et l'esprit qui lui, ne fonctionne qu'à travers sa mémoire, ses expériences passées, ses ambitions, ses projets, ses plans. Le mental planifie la vie, l'organise. La vie, elle, est très anachronique. Elle décidera subitement qu'un jour, vous vous retrouvez veuf ... Vous n'aviez pas prévu cela, sinon peut-être ne vous seriez-vous jamais marié ! C'est d'ailleurs pour cette raison que vous ne le saviez pas ! Pourquoi est-on si ignorant, croyez-vous... Nous disons donc que la vie, imprévisible et neuve, ne peut pas être contrôlée. Or ce qui intéresse le mental, c'est le contrôle, la sécurité, aller de connu en connu, de projets en projets, d'expériences en expériences.
 
Le mental qui n'aspire qu'à la sécurité aborde la vie avec un énorme handicap. A chaque fois qu'un événement lui est proposé, il répond plus ou moins mal. Il ne peut pas aborder la vie de façon correcte car il est sclérosé, vieux, encombré de sa mémoire, de ses connaissances livresques, de ses critères et de ses croyances. Le mental éprouve une angoisse terrible de vivre. Il a besoin de se sécuriser continuellement en cultivant sa mémoire, ses références. S'il n'avait pas tant peur d'affronter la vie, il serait neuf, il répondrait avec spontanéité à ce qui se propose. Etant soucieux de ne pas être blessé, il accumule les garanties et plus il se sécurise, plus il se sent en danger. Plus il a de références, plus il est chargé et moins il est libre, il s'enferme de plus en plus dans sa petitesse, sa mesquinerie, son angoisse d'affronter la vie.
Ce même mental dit - et cela lui paraît naturel - qu'il aimerait savoir ce qu'est la Vérité, connaître Dieu ou l'Absolu. C'est impossible. Comment pourrait-il rencontrer l'inconnu, qui est Dieu ou la Vérité, en étant prisonnier de sa peur ? Soyons sérieux ! La seule façon de dépasser sa propre limite est de comprendre cette limite, et de la comprendre si radicalement qu'il n'en reste plus rien. Pour cela, il nous faut beaucoup de sensibilité et d'amour, il nous faut reconnaître que nous sommes victimes de nos peurs et que ces peurs sont la manifestation d'une profonde limitation de notre individu. Lorsque l'on voit vraiment que ces limites générées par la peur sont des empêchements à être, on commence à bien vouloir se pencher sur le problème réel. Se comprendre devient fondamental, avoir pleinement conscience des mécanismes intérieurs est de la première nécessité. Entrer en relation avec ses peurs, les expérimenter de façon consciente est le seul moyen de ne plus en avoir.
 
Fin du Chapitre 6 : La peur
   
 
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