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Jnana Yoga - Yoga Satyananda

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Le jnana yoga est une voie à part entière et un complément indispensable des autres voies du yoga, notamment le karma yoga. Les techniques de méditation ou de raja yoga sont très importantes pour un jnana yogi car elles permettent d'avoir une vision du Soi ou de la réalité suprême derrière les apparences. Les "Brahmas Sutras" sont le texte classique principal du jnana yoga.

Définition du jnana yoga
Jnana veut dire connaissance ou sagesse. Mais il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle ou d’un processus logique de déduction. Il est question de la connaissance intuitive et lumineuse, émergeant des zones les plus profondes de la personnalité. Le jnana yoga est donc la méthode d’union qui s’appuie sur des flashs intuitifs et préconise une intense pratique méditative ou une réflexion approfondie sur le thème de la Réalité, du Soi ou de la vraie nature de l’être.
En tant que tel, le jnana yoga concerne l’humanité toute entière. Socrate était le jnana yogi par excellence et il n’avait de cesse que d’essayer de réveiller chez ses auditeurs la passion de la réflexion. De nos jours, Ramana Maharshi représente parfaitement cette voie du yoga. Sa fameuse question « Qui suis-je ? » est devenue très célèbre, sans pour autant être entendue.
 
Jnana et quête du sens
Dans la vie d’un être humain, il arrive toujours un moment où, involontairement, on se demande ce qui est réel. Ces questions, que l’on peut appeler existentielles, sont aujourd’hui plus cruciales que jamais, du fait du déclin ou du discrédit des religions. Le monde technologique actuel, trop occupé à cultiver l’attrait pour la consommation, ne donne aucune réponse à nos besoins fondamentaux d’être pensant.
Néanmoins, au tournant d’un événement douloureux ou après des années de passivité, on finit par se questionner sur le but de l’existence, sur la valeur de ce que l’on a réussi à obtenir ou à installer dans sa vie, sur ce qui se passe après la mort. Derrière ces crises, il y a la quête du sens, qui a taraudé l’être humain depuis les temps les plus reculés. Elle existe et existera toujours car notre esprit est capable d’aller au-delà des limites imposées par le corps, les organes sensoriels, le mental et la raison.
Devant de telles questions, chacun a le choix de son attitude : soit tout ignorer par réflexe nihiliste ou par peur de l’inconnu et dans ce cas, il faudra trouver un nouvel élan vers l’extérieur ; soit se pencher sur le vrai sens de la vie et s’interroger sur ce qui est permanent dans ce monde soumis à des changements constants. Si ce besoin subsiste et devient suffisamment fort, il conduit à la démarche du jnana yoga, qui ne laisse plus aucune place aux remèdes, compensations et palliatifs habituels. Cela nous conduit à chercher en nous-même la Réalité derrière les apparences, la vraie personnalité au-delà du corps, du mental et des sens.
 
Jnana et intellect
Le jnana yoga est souvent assimilé à l’étude des écritures et on le considère alors comme un moyen d’accroître son savoir intellectuel. Pourtant, le jnana yoga n’est pas un processus d’acquisition ou d’accumulation de connaissances. Il ne doit pas être confondu avec « la boulimie livresque », même si la lecture de textes traditionnels ou de récits relatifs à la vie de sages et de saints permet d’entrevoir la Réalité. Lao Tseu a dit : « Les érudits gagnent chaque jour, les sages perdent chaque jour. » En intellectualisant les questions existentielles et en essayant de trouver des réponses dans les livres ou dans l’exemple d’autres personnes, on ne peut pas progresser dans une réelle démarche de connaissance. Le jnana yoga ne consiste pas à se mettre la tête sens dessus dessous pour résoudre des problèmes avec des idées intellectuelles, logiques ou littéraires. La question que se pose le jnana yogi est unique et il cherche la réponse en lui. Le domaine où se place le questionnement est donc intime, il est de soi par rapport à soi. Le seul thème de réflexion est la découverte de la Réalité intangible et immuable, derrière le monde de la diversité et du changement. Les sujets qui concernent le mode de vie, les comportements, les conditionnements du mental, les croyances et les désirs relèvent des autres voies du yoga et des techniques de méditation.
Le jnana yogi rejette les dogmes, les idées préconçues et les réponses de seconde main. Il ne croit en rien et seule son expérience personnelle peut le guider dans sa propre démarche. Les fleurons de l’intellect, la logique et le raisonnement, ne sont pas des moyens pertinents dans la voie du jnana yoga. Ils ont une portée limitée et nous éloignent de la quête fondamentale de la Réalité car ils se fondent sur des faits objectifs. Seule l’intuition, la capacité inhérente à la sphère psychique, peut servir de révélateur à la vérité transcendantale. Sri Aurobindo l’a expliqué de la façon suivante : « Je suis passé par une période capitale de ma vie intellectuelle quand j’ai clairement vu que mon intellect pouvait me dire des choses correctes ou incorrectes, justifier à la fois ce qui est vrai et exactement l’opposé. Je n’ai jamais admis dans mon mental une vérité sans être simultanément ouvert au contraire… et le résultat fut que le prestige de l’intellect s’en est allé. »
 
 
« Qui suis-je ? »
Ce questionnement est le noyau de l’enseignement de Ramana Maharshi. Cependant, pour lui, ce n’était pas des mots mais une expérience. Ce n’était pas une gymnastique intellectuelle amenant des considérations philosophiques et spéculatives. Il ne s’agissait pas de se poser la question une fois par jour et de passer ensuite à autre chose. Sa personnalité entière était en permanence imprégnée par cette quête, de façon consciente ou inconsciente, et l’intensité était telle que tout son être entrait dans une vibration particulière. Il se tenait jour et nuit au bord du précipice, le vide ou shoonya, et c’est au moment où il perdit pied qu’il reçut l’illumination. Pour être vraiment un jnana yogi, l’interrogation « Qui suis-je ? » doit s’imposer avec cette urgence, ce besoin irrépressible de trouver la vraie réponse. Cette question a toujours été là, à l’intérieur de soi, elle vibre parfois mais ne peut vraiment révéler son message qu’à l’instant où disparaissent l’ego et son cortège de définitions.
 
Les deux ailes pour prendre son envol
Les deux qualités essentielles du jnana yogi sont viveka, la discrimination et vairagya, le non-attachement. Ce sont les deux ailes de l’oiseau, indispensables pour s’envoler et s’élever toujours plus haut.
Viveka est la capacité de différencier le réel du non-réel, le soi du non-soi, ce qui est éternel de ce qui est mortel ou périssable. Cette qualité de discrimination existe en chaque être humain mais la plupart du temps, elle se manifeste seulement après coup. Avec viveka, l’adepte du jnana yoga se tourne naturellement vers la philosophie du Vedanta, qui sert parfaitement sa quête à travers les notions de Brahman, l’absolu, et de Maya, l’illusion du monde phénoménal. L’introspection, vichara, est recommandée pour développer la qualité de viveka. C’est une intense réflexion sur soi, qui s’exerce, non pas dans les affaires courantes de la vie quotidienne, mais par rapport à la sphère spirituelle. Vichara recouvre une analyse et une séparation, similaires à l’action de trier les céréales de tous les cailloux et autres impuretés et de ne retenir finalement que les grains en vue de la cuisson.
Vairagya, le non-attachement, est un état libre de tout désir intense. Il ne s’agit pas de se détacher artificiellement des liens familiaux, de son travail ou de sa richesse personnelle. En revanche, si ces choses viennent à disparaître, nous n’en sommes pas affectés. Cette attitude est exceptionnelle : le vairagya yogi n’est pas redevable envers les jouissances de la vie, ce sont les objets de plaisir qui ont la chance de lui être offerts. C’est une philosophie très positive dans laquelle il n’est question ni de rejeter ni de renoncer systématiquement.
 
Les six vertus du jnana yogi
Shama, l’apaisement du mental : le jnana yogi doit éviter toute anxiété ou excitation, car les forces mentales doivent être canalisées et utilisées à des fins supérieures. Il lui faut donc trouver un moyen de se tranquilliser, la technique du yoga nidra, par exemple, ou le chant de mantras qui calme la sphère mentale, les sens et le système nerveux. Dama, la restriction des fluctuations du mental : le jnana yogi doit savoir se réfréner de façon intelligente, limiter ses sens, son corps et son mental, sans pour autant générer une lutte stérile avec lui-même. Dama est utilisé dans toutes les religions avec, il faut bien le reconnaître, plus ou moins de bonheur.
Uparati, l’indifférence : elle est indispensable pour garder un mental stable, supporter aisément ce que l’on ne peut pas changer et ne pas vouloir refaire le monde, se désintéresser des opinions ou se dégager de l’influence d’autrui, regarder le jeu de la vie et des relations sans en être troublé. Titiksha, la capacité d’endurer les paires d’opposés, le chaud et le froid, l’amour et la haine, le plaisir et la douleur, la reconnaissance et le mépris, la réussite et l’échec… pour gagner en endurance, force et courage, sur les plans physique, mental, sensoriel et nerveux.
Shraddha, la foi, sous-tend la conviction du jnana yogi et le soutient dans sa recherche. Il s’agit de la foi dans le Maître, la sadhana et l’esprit immortel et universel, présent au coeur de chacun. Souvent, le jnana yogi refuse d’attribuer une forme à la Réalité transcendantale. Il a donc tendance à rejeter les expressions d’adoration ou le flot de bhakti que d’autres projettent sur un aspect de la déité, l’Ishta Devata, ou sur une personne reconnue comme éveillée. Cependant, il est vraiment difficile de ne croire en rien. Sans nuire à sa recherche, le jnana yogi peut lui aussi nourrir un élan vers une certaine représentation de Dieu. Cela l’aidera à calmer et à focaliser son mental.
Samadhana, l’absence de doutes, est le complément de la foi. Un mental qui est submergé de doutes s’exclut de toute démarche profonde de découverte du Soi.
 
Le désir de libération
Ce désir s’appelle mumukshutva. C’est le dernier attrait qu’il nous faudra dissoudre pour atteindre la libération. Mais c’est aussi le moteur indispensable pour continuer inlassablement sa recherche et « remettre l’ouvrage sur le métier » autant de fois qu’il sera nécessaire, en conservant la fraîcheur et l’enthousiasme de notre première inspiration. Le désir de libération doit être suffisamment intense pour garder le cap, éviter que le mental et les sens nous entraînent sur d’autres chemins, savoir profiter des erreurs et des échecs, accepter de laisser derrière soi ce qui est devenu inutile et faire face à l’inconnu. Ce désir de libération est sans doute la qualité qui fait toute la différence ! De plus, elle ne peut être ni apprise ni transmise. Selon le Bouddha, seule la souffrance peut amener ce sentiment d’extrême urgence qui ne laisse plus aucun choix.
 
La conscience Témoin
Développer la conscience témoin, le Drashta, est une obligation pour matérialiser les qualités du jnana yogi. Sans se connaître soi-même, sans être le témoin impartial des manifestations externes et internes de sa personnalité, on ne peut utiliser les qualités de viveka et de vairagya, se calmer, se réfréner ou rester indifférent face aux circonstances de la vie. Le travail préliminaire est donc de mieux connaître son mental, son corps et ses sens, et d’entrer en amitié avec soi-même. La plupart du temps, nous voulons devenir autre chose que ce que nous sommes, et il n’y a ni connaissance ni acceptation. Swami Niranjanananda plaisante en disant que nous ressemblons alors à « un éléphant fantasque qui décide de vivre comme un poisson rouge ou bien encore un paon essayant par pure tocade d’imiter la vache ».
Il est nécessaire de développer la prise de conscience de soi dans la vie quotidienne, pour que puisse naître un jour la vision du Soi. L’attitude du témoin, qui allie sincérité, présence et acceptation, est la pierre angulaire du jnana yoga. Les techniques du hatha yoga et du raja yoga nous aident à éveiller cette faculté de l’observateur. Et pour servir cet effort de connaissance, nous avons une pratique remarquable, antar mouna ou silence intérieur. Dans cette technique, on apprend à écouter d'une façon neutre les bruits extérieurs puis à observer les "bruits" du mental, pensées, images, concepts... avant de laisser le silence intérieur envahir l'être entier.
 
Qui peut devenir jnana yogi ?
Seul celui qui a une volonté d’acier peut envisager de suivre exclusivement cette démarche. Pour la majorité des chercheurs, il est en effet très difficile, voire impossible, de considérer le monde comme inexistant. Nous sommes tous dans la main de maya, nous sommes une partie de l’illusion. Et pour en sortir, nous avons besoin d’une autre " illusion", la philosophie, les techniques et les voies du yoga. Utilisons l’ensemble des outils que nous offre cette sagesse millénaire, afin de progresser de façon harmonieuse, d’éviter les déconvenues et d’ouvrir la porte vers la dimension infinie de notre être.
 
Cette présentation est inspirée des conférences faites par Paramahamasa Satyananda en 1984 à Morgins - Suisse.
 
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" C'est une loi immuable de la nature que le positif triomphe du négatif. Le travail sur soi est une force supérieure, c'est le lion ou l'éléphant, alors que le destin (praradbha) est le chat ou le chacal; Aide-toi, le Ciel t'aidera."
Sree Swami Sivananda Saraswati