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Suite du Chapître 3 : Les désirs et les plaisirs
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Vous pouvez comprendre, d’après ce qui vient d’être dit, que notre relation au monde est plutôt une absence de relation ! Comprenons maintenant que la recherche du plaisir et le désir de retrouver le plaisir ne peuvent qu’engendrer la souffrance. Ce n’est pas une affirmation ! Il s’agit de le comprendre.
Ayant vécu une expérience d’où l’on a tiré un grand plaisir, on ne souhaite que retrouver ce plaisir. On recommence encore et encore la même expérience, dans l’espoir de retrouver ce plaisir déjà vécu. Il est sûr aussi que, si nous croyons, parce que nous l’avons entendu dire, ou bien parce que nous l’avons lu, qu’une certaine expérience apporte du plaisir, nous passerons notre temps à essayer de provoquer ce plaisir imaginé.
Examinons, par exemple, la course effrénée au plaisir sexuel, plaisir jamais vécu et magnifié dans l’imagination, ou plaisir vécu que l’on veut à toutes fins retrouver. Cela peut durer un certain temps ! Mais l’expérience se trouve totalement dénaturée ! Elle est vécue à travers un filtre, soit l’espoir de découvrir ce plaisir si convoité, soit le souvenir du plaisir passé. De plus, l’expérience s’use, et malgré toutes les recettes que nous pouvons trouver pour stimuler le plaisir, il finit par s’épuiser, par se tarir de lui-même. Nous pouvons encore rechercher le même plaisir en changeant l’objet de l’expérience ; pensant que le problème vient du partenaire, nous essayons de trouver une autre personne ! Mais finalement, quoi que nous fassions, les plaisirs, tous les plaisirs, s’arrêtent, parce qu’ils se sont usés.
Alors nous sommes extrêmement malheureux d’avoir perdu notre plaisir ! Et nous souffrons ! La répétition engendre l’ennui ; l’ennui engendre le désintérêt, et celui-ci nous fait souffrir, parce que nous nous sentons vides, inexistants et parce que notre vie est d’une platitude navrante. C’est une explication de la souffrance, engendrée par la poursuite constante du plaisir et par sa perte inéluctable. |
Un autre aspect de cette question est que, si notre relation au monde est basée uniquement sur le profit, il est évident que le bénéfice et la perte seront notre lot ! Si nous voulons avoir, nous aurons à la fois le plaisir d’avoir et la souffrance de ne pas avoir. Parce que l’ego veut tirer pour lui-même profit, il tire aussi perte. La vie s’arrangera un jour pour que ce ne soit pas le plaisir qui soit donné mais la souffrance. Par définition, par essence même, le fait de vouloir tirer parti de l’expérience peut apporter un résultat favorable ou défavorable. C’est donc l’intérêt personnel qui, en dernière analyse, oblige à ce que nous souffrions. Parce que la souffrance appartient, comme le plaisir, à la nature de la préhension. Elle est induite, comprise dans les notions de plaisir et de désir, elle en est indissociable. Comprenez bien qu’il ne s’agit pas de dire : « Fuyez les plaisirs car ils engendrent la souffrance » ! Ce n’est pas mon propos ! Je n’expose pas une doctrine, un précepte. J’essaie d’expliquer une loi logique et il est sans aucun doute beaucoup plus utile de comprendre cette loi dans sa propre réalité que de s’astreindre aveuglément à une vie d’austérité. |
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Nous allons maintenant nous interroger sur les possibilités d’un autre mode de relations, relations sensitives, ou relations avec le monde de l’intellect, ou avec celui de la spiritualité. Est-il possible que l’homme vive une relation, sans rechercher son profit personnel et qu’ainsi, il n’entre pas dans le cycle plaisir - désir - souffrance ?
Nous avons vu que c’est le mental, qui a engendré le processus. Celui-ci a différentes capacités : il classifie, il organise et il mémorise. Est-il possible qu’un homme puisse avoir une relation, entrer en contact avec le monde, sans utiliser ce mental ? Cela est possible si, dans sa relation, l’individu renonce à bénéficier de l’avantage de l’expérience. S’il ne tire aucun profit de l’expérience, il n’aura pas le désir de retrouver le plaisir, car il n’aura rien mémorisé. A ce moment-là, il ne va pas rencontrer son propre intérêt, mais il va pouvoir rencontrer l’objet de son expérimentation, car il n’aura aucun bénéfice personnel à tirer de cet objet. Il fait la place à une personne ou à un objet étranger à lui-même. Nous pouvons dire qu’alors, il commence sérieusement à aimer cette personne ou cet objet, puisqu’il est incapable de s’en servir pour son propre plaisir. |
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