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Chapitre 6 - Le Feu de Vérité

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Chapitre 6 du livre "Le Feu de Vérité"
La peur
 
II serait d'abord nécessaire que nous soyons conscients de nos peurs. Avez-vous des peurs ou n'en avez-vous pas ? Est-ce que cela vous intéresse ? Sommes-nous vraiment conscients de nos peurs, ou bien n'en sommes-nous conscients que de façon anecdotique, quand elles surgissent, pour très vite les oublier ensuite ?
Il n'y a pas une conscience présente et permanente de la peur alors que, si l'on observe bien, presque tout le monde éprouve de la peur de façon récurrente dans le quotidien. Cela demande de l'attention, une capacité d'observation de soi, pour s'en rendre compte.
Observons maintenant que certaines personnes sont gênées par un type de peur. Du fait du caractère répétitif de cette peur spécifique et de la difficulté qui en résulte, ces personnes finissent par se dire qu'il serait utile de faire quelque chose à ce sujet. L'esprit est alerté, il se demande pourquoi le même mécanisme de peur se reproduit toujours, et il souhaite trouver un moyen de s'en débarrasser.
Pourtant, le fait de se pencher sur le problème, d'y réfléchir, de lui donner une explication, le fait de vouloir s'en dégager, ne mettra pas fin à la peur.
Nous pouvons voir quels sont les grands types de peurs. Il y a la peur du jugement d'autrui, la peur de l'échec, la peur de perdre quelque chose ou quelqu'un, la peur de découvrir la vérité, la peur de se connaître. Ne vous excluez d'aucune de ces peurs, réfléchissez davantage. Il y a la peur particulière des sectes, des gurus, la peur des nazis, de la violence, la peur de la guerre, la peur de mourir, la peur d'être découvert dans ce que l'on a de plus secret. Et ce n'est pas une liste exhaustive !
 
Si nous ne sommes pas conscients de notre peur, nous ne pouvons pas mesurer l'importance et l'urgence qu'il y a à s'en libérer, à s'en dégager. Le premier travail est donc d'observer et de comprendre que nous sommes tous habités par la peur.
Si vous regardez l'une de ces peurs, celle qui vous touche le plus, ne voyez-vous pas que, pour autant, toutes les autres vous sont aussi familières ? Regardez ce que dit la peur de la guerre. Elle dit : peur de perdre ses biens, ses proches et sa famille, peur de perdre ses ambitions, donc peur de l'échec. Elle dit peur de mourir. Elle dit peur de la violence, du jugement aussi : si vous êtes dans le mauvais camp, à la fin de la guerre, ce sera grave. La peur de la guerre veut dire aussi peur de se connaître : savez-vous si vous ne serez pas l'acteur passif ou actif du massacre organisé ? Cet exemple prouve que, dans une peur particulière, il y a toutes les peurs. Il est donc inutile de s'arrêter à la spécificité d'une peur. Le plus intéressant est de comprendre qu'une seule est révélatrice de toutes.
Ce qui va nous intéresser est donc de comprendre le mécanisme de la peur, de comprendre pourquoi elle existe, quand et comment elle naît. Elle commence de façon inattendue. Supposons que vous soyez confronté à un danger ; une voiture passe très vite, vous avez un mouvement de recul immédiat, sinon vous seriez renversé. Lorsque vous faites instinctivement un pas en arrière, êtes-vous dans la peur ? Non ! Vous n'en avez pas le temps. La peur naît après, quand vous réalisez les conséquences possibles sur votre vie, votre décès ou votre infirmité, par exemple. Au moment même où le péril existe, il n'y a pas de peur. Elle arrive après, avec le mouvement de la pensée qui réalise l'événement.
Il y a une autre façon d'avoir peur, par la capacité d'imaginer à l'avance la difficulté d'une situation. Si vous avez des examens à passer, vous êtes très angoissé pendant tout le temps où vous avez la perspective de ces examens. Plus l'épreuve approche plus la peur augmente. Vous ne connaissez pas la réalité de l'événement, mais vous en avez une représentation imaginaire. C'est l'imagination qui engendre la peur. Lorsque vous passez effectivement votre examen, vous ne pouvez pas tout à la fois réfléchir, écrire et avoir peur ! Au moment même où vous avez fini d'écrire, vous reprenez vos angoisses. « J'ai oublié ceci ou cela. » « Peut-être n'aurai-je pas la moyenne. » etc.
Nous venons de voir qu'il y a deux façons d'avoir peur, soit en imaginant à l'avance - l'esprit crée un événement qui n'existe pas encore et s'inquiète à ce sujet - soit en réalisant le danger après coup. Dans les deux cas, c'est l'esprit, la pensée qui engendre la peur.
 
 
Vous êtes-vous demandé s'il existe une peur en soi ? Il y a toujours peur « de quelque chose » ou « de quelqu'un ». C'est la relation de l'esprit à l'événement ou à la personne qui engendre la peur. Un autre individu, dans la même situation, ne réagira pas forcément de la même façon. C'est dire que la peur n'a pas d'existence en soi. Elle n'existe qu'en relation avec la pensée. Il est donc plus utile de s'interroger sur le fonctionnement de son mental que sur la peur, qui n'en est qu'un mode d'expression. Le mental engendre la peur et l'alimente. Peut-il se dégager de sa propre peur ? Y a-t-il des remèdes à la peur ?
Certaines personnes pensent que l'on peut raisonner la peur. Raisonner, expliquer, analyser sa peur est un moyen de la maîtriser. Cela peut être efficace pendant un certain temps, si vos capacités mentales sont suffisamment développées pour maintenir le contrôle. Mais ce ne sont que des moyens de pression, la mainmise de la raison. Le contrôle par la pensée, par une technique, par un quelconque moyen, ne peut être que momentané. Ce contrôle sera inopérant à un moment ou un autre et la peur débordera. Il faudra exercer une contrainte toujours plus forte mais les risques de récidive augmenteront en proportion.
D'autres personnes croient qu'il faut remonter aux origines, analyser l'événement initial qui a déclenché la peur. C'est un travail très difficile et de plus, on ne peut être sûr que la peur est bel et bien évacuée, elle peut rester sous une forme latente et se déplacer ailleurs. Quant à revivre sa peur, revivre l'expérience par un procédé artificiel, je pense aussi que c'est un leurre. Supposons que vous accumuliez de fortes tensions et que vous sollicitiez la libération de ces tensions de façon artificielle, par certaines techniques appropriées. En fait, vous ne comprenez rien du tout, vous ne rentrez jamais en relation avec le mécanisme de la tension. Vous ne faites que passer par des phases successives d'accumulation et de libération, d'où la vacuité de ce genre de procédés. La vie se charge de répéter les événements, et il n'est pas nécessaire de les provoquer. Voilà certaines mèthodes servant d'antidote...
 
   
 
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